Simplicité bestiale

Publié le par Keupone-in-grey

Dans ce monde pourri, parfois, je rêve d'être un corps fait de chaire et de sang. Je rêve de sueur et de viande. Comme si j'allai rencontrer la mort juste à un coin de rue, elle m'attend. Elle nous attend tous. Nous ne sommes rien pour elle, mais elle est tout pour nous. Elle est notre raison de vivre, ce pourquoi nous faisons une chose ou une autre. C'est à cause elle que nous étudions, à cause d'elle que nous nous levons le matin. Si elle ne me regardait pas, je sauterai dans le premier train et j'éventrerai tous les sièges d'un wagon pour me faire un coussin de cette matière chaude qu'ils utilisent pour les rembourrer. Je me blottirai dans une laine de mouton desséchée, je laisserai pétrir ma chaire qui voudrait.

Mais si la mort n'était pas là, au coin de la rue, alors qui voudrait encore se lever le matin pour humer l'odeur affolante des jours qui passent ? Qui s'empalerait le crâne sur une barrière de jardin pour se délivrer de sa vie sordide? Serions-nous des singes d'armes comme dans fight club ? La vie serait comme un cycle interminable, la pluie qui tombe, qui s'infiltre sous terre, qui rejoint la mer et qui retombe. Tomber encore et s'élever pour se casser la gueule. Des airs de mythologie romaine... C'est parce que nous mourrons que nous évitons ce destin tragique. Une délivrance, qui nous sort de ce pétrin dans lequel nous sommes tous fourrés. Elle cessera de gâcher notre vie quand nous ramperons à quatre pattes sur l'herbe pour attraper un cadavre d'oiseau en état de putréfaction et nous éprendre de la sensation de vivre, vivre uniquement pour atteindre cette mort au moment venu et non pas pour chercher à se démarquer de notre espèce afin de pénétrer dans les veines de l'histoire et devenir immortel. Mordre le cadavre comme un chien épanoui, puis mâcher avec vivacité ce qu'il reste de l'animal. Comme notre sang devient chaud et notre peau souple au point que l'on beigne au-dedans de soit-même. Le ciel se tiendrait infiniment loin de nous, cette illusion de couleur bleue nous rappelle que les animaux n'ont ni foi ni croyance quelconque et que l'homme ne détient pas le privilège d'aller au paradis. Nous sommes aussi faibles que les baleines échouées sur les plages privées de riches promoteurs immobiliers, et nous visitons le même néant à notre fin. Pourtant nous courrons après de stupides espoirs de divinité. Je m'accroche comme une bête à cette vision d'un monde véritable, croyant que nous vivons dans une idée de la réalité.

Notre peur nous possède et nous empêche de nous accomplir dans la plus simple des vies.

Publié dans Société

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